HISTOIRE
« Dan a toujours été un entraîneur axé sur la responsabilisation et l'inspiration. Il ne demande pas aux athlètes de suivre son programme simplement parce que c'est son programme. Il fait en sorte qu'ils comprennent ce qu'ils font et pourquoi, pour qu'ils soient capables de le faire eux-mêmes ».

Pour Haley Smith, il est impossible de quantifier ou de qualifier l'importance de Dan Proulx, le leader du cyclisme canadien, dans sa carrière.
 
Ou dans sa vie.
 
« Dan », selon Smith, une adepte du vélo de montagne qui a participé aux Jeux olympiques de 2020 et qui a remporté la médaille de bronze aux Jeux panaméricains de 2018 à Gold Coast, en Australie, « est motivé par le désir de réaliser des rêves, d'exploiter le potentiel et de saisir les occasions qui se présentent. C'est incroyable de travailler avec quelqu'un qui est motivé par la performance, oui, mais encore plus par l'épanouissement de bonnes personnes. 
 
« Il ne s'embourbe pas dans la pression de la performance. Il est tourné vers l'avenir, contrairement à une culture axée sur l'évitement ou la peur.
 
Je pense que c'est ce qui lui permet de se concentrer sur l'ensemble de la situation, autant pour chaque personne que pour toute l'organisation ».
 
Sage. Expérimenté. Accessible. Astucieux. Compatissant. Bienveillant.
 
« Chaque entraîneur a son propre style », déclare Catharine Pendrel, l'une des plus grandes cyclistes canadiennes de tous les temps.
 
« Dan a toujours été un entraîneur axé sur la responsabilisation et l'inspiration. Il ne demande pas aux athlètes de suivre son programme simplement parce que c'est son programme. Il fait en sorte qu'ils comprennent ce qu'ils font et pourquoi, pour qu'ils soient capables de le faire eux-mêmes ».
 
Pendrel et Proulx ont fait équipe en 2003 et, au cours de leur collaboration, elle a été couronnée championne du monde de vélo de montagne cross-country en 2011 et 2014, a récolté une médaille de bronze aux Jeux olympiques de 2016 à Rio de Janeiro et une médaille d'or aux Jeux du Commonwealth en 2014 en Écosse.
 
Après s'être retirée de la compétition en 2021, elle a rejoint la nouvelle équipe d'entraîneurs de Proulx.

 
« Essentiellement », note-t-elle, « je prenais son ancien rôle. Il m'a demandé si j'étais d'accord avec la façon dont le programme se déroulait. En d'autres termes, il m'a fait confiance et m'a fait savoir que nous allions réussir, même si la façon dont nous nous y prenons n'est pas exactement la même.
 
« Dan possède les compétences relationnelles et administratives pour le poste qu'il occupe aujourd'hui. Les deux sont tout aussi importantes l'une que l'autre. »
 
Après plus de trois décennies de carrière en tant qu'entraîneur, les Jeux olympiques de Paris marqueront la cinquième participation de Proulx à la plus grande manifestation sportive du monde, et sa première en tant qu'entraîneur en chef.
 
Proulx a toujours compris la valeur de l'écoute, du compromis et de la collaboration. Il est fait comme ça et a été influencé par des mentors tels que Jeff Coulter, entraîneur du club de natation Cascade de Calgary, et Doc (David) Smith, ancien directeur des sciences du sport à Calgary, qui a récemment pris sa retraite.
 
« J'ai commencé ma vie d'athlète en tant que nageur et nous avions Jeff, un entraîneur absolument incroyable, dans notre club », se souvient Proulx. « Il était en avance de plusieurs dizaines d'années sur son temps. C'est lui qui m'a amené à m'intéresser au cyclisme. Il savait reconnaître ce qui passionnait les gens et leur disait : « Allez-y, faites ce que vous aimez ». Il nous encourageait à nous lancer dans ce qui nous passionnait, que ce soit le sport, la vie professionnelle ou la vie tout court.
 
« Doc est une personne incroyable avec qui travailler. C'est un physiologiste. Depuis les Jeux olympiques de Pékin, il est devenu mon mentor et nous a guidés en matière de physiologie, mais aussi de leadership sportif, parce qu'il est dans le système depuis des dizaines d'années. Je l'ai rencontré lorsque je dirigeais le programme de cyclisme à l'Ovale olympique et j'ai entretenu une relation tout au long de ma carrière avec un homme doté de beaucoup de recul. »
 
Bien qu'il soit un entraîneur et un communicateur chevronné, il reconnaît l'influence du programme Poursuite d'À nous le podium, qui l'a aidé à perfectionner les compétences qu'il possédait déjà et à en créer de nouvelles.
 
« Ce que le programme Poursuite met vraiment en évidence, c'est que vos connaissances techniques sont importantes, bien sûr, mais que vos compétences en matière de relations humaines et de leadership sont ce qui vous fera vraiment réussir ou échouer », explique-t-il.
« Nous n'entraînons pas le cyclisme, nous entraînons les gens qui font du cyclisme. C'est un peu un changement de philosophie, mais je pense que les entraîneurs qui réussissent aujourd'hui possédaient déjà cette façon de voir les choses, ce mode de fonctionnement dynamique.
 
« Le style d'entraînement à l'ancienne a en quelque sorte disparu. Ce style n'est tout simplement plus d'actualité.
 
« Lorsqu'on réunit tous les dirigeants principaux dans une même pièce, il y a tellement à apprendre. Dans ma cohorte, nous avions plusieurs directeurs et entraîneurs de sports d'hiver de haut niveau issus de différents milieux olympiques, quelques dirigeants paralympiques, bref, toute la gamme. Ce fut très intéressant de découvrir ces différents points de vue et de se rendre compte que les défis et les possibilités sont les mêmes dans tout le spectre du sport, quelle que soit la discipline.
 
« Je ne dirais pas que ça m'a donné plus de confiance dans les approches intuitives que j'utilisais déjà, mais il y a certainement des choses que nous avons abordées qui ont été vraiment déterminantes - qui changeront ma façon de faire les choses. Qu'il s'agisse d'apprendre à mieux raconter des histoires ou de développer des compétences en matière de conversations critiques, ce sont des pratiques tangibles que j'ai retenues.

 
Scott Kelly, directeur du sport de Cyclisme Canada, a jugé qu'un changement de structure organisationnelle était nécessaire avant de promouvoir Proulx de son rôle de longue date en tant qu'entraîneur de vélo de montagne à son poste actuel, optant pour la mise en œuvre d'une structure ressemblant au "modèle de hockey" où un entraîneur principal supervise un groupe d'assistants qui s'occupent de l'éventail des différentes disciplines du cyclisme.
 
« Traditionnellement, Cyclisme Canada s'est appuyé sur l'embauche d'entraîneurs étrangers », explique Kelly. « Nulle part dans leur mandat il n'était question de former des entraîneurs canadiens. Il s'agissait simplement de nous faire gagner des médailles ». Puis ces personnes quittaient leur poste au bout de quatre ans et nous nous retrouvions à nouveau sur le marché de l'emploi. Ce que nous essayons maintenant de faire, c'est de créer une solution canadienne à un problème canadien, qui est de former des entraîneurs canadiens.
 
« Dan a donc un double mandat : être entraîneur chef et faire profiter de son expérience à nos entraîneurs de disciplines spécifiques chez Cyclisme Canada, mais aussi de développer la prochaine génération d'entraîneurs canadiens et les aider à avoir les outils dont ils ont besoin pour réussir. »
 
Par conséquent, lorsque Proulx a assumé son rôle actuel à la fin de 2021, il s'est joint à un groupe de directeurs de haute performance du programme Poursuite, et non à une cohorte d'entraîneurs.
 
« Nous voulions vraiment renforcer le fait que sa responsabilité se situe entre le terrain de jeu et le podium, entre la pointe et la queue », ajoute Kelly, « et qu'il doit s'assurer que nos entraîneurs canadiens sont à leur meilleur.
 
« Dan est l'une des personnes les plus sympathiques que vous puissiez rencontrer. Et, dans un monde d'entraîneurs hyper compétitifs, de type A, axés sur la performance, vous avez besoin de quelqu'un comme lui. Parce que même si vous êtes un entraîneur compétitif et de qualité, tout le monde a des faiblesses, des angles morts et ne se sent pas forcément à l'aise de s'ouvrir à un autre entraîneur hyper compétitif de type A pour lui dire ce qu'il a besoin de travailler.
 
« La présence d'une personne comme Dan, qui peut intervenir et dire : ‘Tu réussis toutes ces choses, mais tu as ce problème en ce moment. Parlons-en', ça nous a fait beaucoup de bien ».
 
Le plaisir de la découverte n'a pas diminué au cours des trois décennies passées à aider les athlètes à viser l'excellence. Dans cette optique, la curiosité a toujours été l'un de ses meilleurs atouts.
 
« L'entraînement est intéressant et passionnant parce qu'on ne le maîtrisera jamais vraiment », dit-il. « Il y a toujours quelque chose d'autre à apprendre, de nouvelles situations à gérer. Et chaque athlète est différent.
 
« L'aspect technique et tactique est en constante évolution. Mais les personnes elles-mêmes évoluent également, de sorte que votre leadership doit lui aussi évoluer.
 
« Dan a désormais un rôle d'ensemble, plus axé sur le développement des entraîneurs et du programme, ce qui est un changement intéressant », déclare Smith. « Il a donc repoussé ses capacités et ses limites dans son approche quotidienne ; au lieu de se concentrer sur la prochaine roche le long du sentier, il s'occupe de choses beaucoup plus importantes. Il a donc changé de ce point de vue.
 
« Mais dans l'ensemble, c'est toujours le grand Dan et tout le meilleur de lui est toujours là ».
Pour toute une génération de cyclistes canadiens, Dan Proulx s'est avéré être une référence.
 
L'un de ses plus grands traits de caractère, note Pendrel, est qu'il ne cherche pas à attirer l'attention, à croire qu'il est le seul à avoir les réponses ou à compliquer les choses pour se sentir responsable.
 
« L'entraînement, dit-elle, n'est pas une science exacte. C'est voir un athlète et faire des choix judicieux. Si vous faites quelque chose de très compliqué, c'est probablement parce que vous n'avez pas confiance en vous.
 
« Dan m'a enseigné les bases de l'entraînement, ce qui m'a permis de construire sur ces bases. Il s'agissait en grande partie d'être un entraîneur qui vous responsabilise et vous donne la confiance et l'assurance nécessaires pour réaliser ce dont vous êtes capable ».
 
Quelqu'un à qui l'on peut se référer bien au-delà de la compétition cycliste.
 
« À différents moments de ma vie, Dan m'a aidé pour des questions de santé mentale, de performance, de transition dans la vie, de deuil... tout », résume Smith. « Et il ne cessera jamais de représenter tout ça pour moi ».
 
« Nous aimons tous les deux les vélos.  Mais ce qui compte n'est pas vraiment ce que nous faisons, du moment que nous sommes en quête d'une certaine forme d'excellence et de potentiel, et que nous le faisons avec de bonnes personnes ».
 
« Le hasard a voulu que ce soit ce qui l'intéresse. Et ce qui m'intéresse aussi. Ça aurait pu être le piano ou, je ne sais pas... le crochet. N'importe quoi.
 
« Mais ce sont les vélos.
 
« Nous ne travaillons plus ensemble de la même manière parce que je ne vise plus les Jeux olympiques, mais il est toujours la personne à qui je m'adresse. Pour n'importe quoi.
 
« C'est un entraîneur formidable qui a eu une influence énorme sur ma vie », déclare Smith en riant. « Qu'il le veuille ou non, il est pris avec moi. »